jeudi 9 décembre 2010

Le torrent - Anne Hébert

Publié à compte d'auteur en 1950, Le torrent regroupait initialement cinq récits et nouvelles, dont "Au bord du torrent". C'est ce dernier récit au titre abrégé qui donne son titre au recueil, enrichi de deux autres nouvelles lors de sa réédition en 1963 aux Éditions Hurtubise HMH. "Le torrent" raconte le drame d'un jeune homme, privé de son enfance et "dépossédé du monde", qu'une mère acariâtre, pour cacher son déshonneur et la faute dont elle se sait coupable, destine à la prêtrise. Le rachat n'aura pas lieu puisque François assassine froidement cette femme qui l'empêchait de vivre. Métaphore de la société québécoise écrasée par la religion et le clergé, "Le torrent" dénonce le sort réservé aux jeunes, aux défavorisés, aux exploités. Les autres nouvelles du recueil exploitent des thèmes familiers à l'auteure de Kamouraska, dont l'amour éphémère ou impossible, l'angoisse et la difficulté de vivre, l'attente de la mort, la recherche d'équilibre et de vérité... L'écriture est dépouillée, mais combien efficace et toujours d'une grande rigueur.
Anne Hébert est née dans le petit village de Sainte-Catherine-de-la-Jacques-Cartier (alors appelé Sainte-Catherine-de-Fossambault) dans la MRC de La Jacques-Cartier, à 25 km de Québec le 1er août 1916. Elle a vécu son enfance à Québec. Sa famille compte plusieurs écrivains, dont son cousin le poète Saint-Denys Garneau qui influencera son choix de lectures à la fin des années 1930.
Elle publie en 1942 un premier recueil de poèmes, Les Songes en équilibre. Sa deuxième œuvre, publiée en 1950, est le recueil de nouvelles Le Torrent. Le Tombeau des rois paraît à compte d'auteur en 1953, recueil sur lequel elle a travaillé pendant dix ans. Elle est embauchée comme scripteur par l'Office national du film en janvier 1953. Elle travaille par la suite à Montréal en tant que scénariste jusqu'à l’automne 1954.
Elle déménage à Paris en 1965, après la mort de sa mère. Le roman des Chambres de bois est publié en 1958 et elle reçoit en juin 1960 l’honneur d’être élue membre de la Société Royale du Canada. Après la publication de son deuxième roman, Kamouraska en 1971, elle connaît enfin le succès. Les Enfants du sabbat, un troisième roman, paraît en 1975. En 1978, le premier ministre René Lévesque l’invite à occuper le poste de lieutenant-gouverneur du Québec mais elle refuse.
En 1980, elle publie un quatrième roman, Héloïse. L’écrivaine devient ensuite la quatrième Canadienne-française et la deuxième Québécoise à obtenir un grand prix littéraire français. En effet, elle obtient le prix Femina pour son cinquième roman, les Fous de Bassan en 1982 (Gabrielle Roy, Marie-Claire Blais et Antonine Maillet l'ont précédé comme lauréates de prix littéraires). En 1983, un doctorat honoris causa lui est remis par l'Université Laval. Il s'ajoute aux précédents, Toronto en 1969, Guelph en 1970, l'UQAM en 1979 et finalement, McGill en 1980.
En 1988 elle publie son sixième roman, Le Premier Jardin, en hommage aux femmes qui ont fondé la Nouvelle-France. Un septième roman, L’Enfant chargé de songes, paraît en 1992. En 1995, âgée de 79 ans, elle publie Aurélien, Clara, Mademoiselle et le Lieutenant anglais, une histoire à mi-chemin entre la poésie et la prose. Son cinquième recueil Poèmes pour la main gauche est publié deux ans après. Au début de 1998, celle qui demeurait à Paris depuis 32 ans revient à Montréal.
En 1999 elle publie ce qui sera son dernier roman, Un habit de lumière. Elle décède quelques mois plus tard à l'hôpital Notre-Dame de Montréal le 22 janvier 2000 à l'âge de 83 ans.
Editions Bibliothèque Québécoise
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