De tous les récits fantastiques continentaux, il n'en est pas un d'un art plus achevé que Ondine, le chef d'oeuvre allemand de Friedrich Heinrich Karl, baron de La Motte-Fouqué. Dans cette histoire d'un esprit des eaux qui épouse un mortel et acquiert une âme humaine, il y a un travail délicat d'une qualité qui lui assure la prééminence dans n'importe quel domaine de la littérature, et une naturelle simplicité qui la rend toute proche de l'authentique mythe populaire. Elle est tirée, en fait, d'une légende racontée par Paracelse, médecin et alchimiste de la Renaissance, dans son Traité des esprits élémentaires.
Ondine, fille d'un puissant prince des eaux, a été échangée tout enfant par son père contre la fille d'un pécheur, afin qu'elle puisse acquérir une âme en épousant un être humain. Elle rencontre le jeune et noble Huldbrand dans la chaumière de son père adoptif, près de la mer à l'orée d'un bois hanté, l'épouse bientôt et l'accompagne à son chateau ancestral de Rigstetten. Huldbrand, cependant, se lasse des attaches surnaturelles de sa femme, et particulièrement des apparitions de son oncle Kühleborn, malfaisant esprit des cascades forestières ; lassitude aggravée par son attachement grandissant à Bertalda, qui n'est aurte que la fille du pécheur contre laquelle Ondine a été échangée. Enfin, au cours d'un voyage sur le Danube, en réponse à un geste innocent de sa fidèle épouse, il prononce des paroles de colère qui la renvoient à son milieu surnaturel ; elle ne pourra, selon les lois de son espèce, en revenir qu'une fois - pour le tuer, qu'elle le veuille ou non, si jamais il se révèle infidèle à son souvenir. Plus tard, alors qu'Huldbrand va épouser Bertalda, Ondine revient pour accomplir son triste devoir, et lui ôte la vie en pleurant. Lorsqu'on l'enterre au cimetière du village aux côtés de ses ancètres, une silhouette féminine voilée, blanche comme neige, apparaît dans le cortège funèbre, mais une prière la fait disparaitre. On voit à sa place une petite source argentine, qui entoure en murmurant presque toute la tombe, et se jette dans un lac voison. Les villageois la montrent encore aujourd'hui, disant qu'Ondine et son Huldbrand sont ainsi unis dans la mort. Maints passages et évocations d'ambiance dans ce conte révèlent en Fouqué un artiste accompli dans le domaine du macabre ; notamment les descriptions du bois hanté, de son géant blanc comme neige et d'autres terreurs sans nom, que l'on rencontre dès le début du récit.
Filleul du roi Frédéric II, ami de Goethe, Schiller, Fichte, Wilhelm Schlegel, Kleist, Chamisso, Arnim, Brentano et Eichendorff, Friedrich de La Motte-Fouqué (1777-1843) était issu d’une vieille famille française protestante, exilée en Allemagne après la révocation de l’Édit de Nantes. Officier dans l’armée prussienne, il fut aussi un auteur prolifique. Ondine, ce merveilleux conte romantique, publié pour la première fois en 1811, reste certainement son chef d’œuvre. Ses illustres contemporains, d’ailleurs, ne s’y sont pas trompés.
Fouqué, habité par les questions religieuses, auteur des Poèmes spirituels et des Poèmes chrétiens, écrivit aussi une biographie du grand mystique Jacob Böhme et pensa à plusieurs reprises se convertir au catholicisme. C’est peut-être en accordant à cette spiritualité la place qui lui revient que l’on peut appréhender ce qui constitue le fond d’une œuvre comme Ondine : l’histoire d’une créature fabuleuse en quête d’une âme, âme que cet esprit des eaux ne peut acquérir sans l’amour intermittent et la fidélité changeante d’un mortel. Si Fouqué a composé ce petit livre en s’inspirant des légendes chevaleresques du Moyen-Âge, son œuvre a inspiré à son tour d’autres artistes fort différents, parmi lesquels se détachent les figures d’E.T.A. Hoffmann, Aloysius Bertrand, Jean Giraudoux, Maurice Ravel, ou Arthur Rackham, dont les illustrations sinueuses et ondoyantes viennent enrichir cette nouvelle traduction.
Editions Rivages, Traduction Nicolas Waquet
Ondine, fille d'un puissant prince des eaux, a été échangée tout enfant par son père contre la fille d'un pécheur, afin qu'elle puisse acquérir une âme en épousant un être humain. Elle rencontre le jeune et noble Huldbrand dans la chaumière de son père adoptif, près de la mer à l'orée d'un bois hanté, l'épouse bientôt et l'accompagne à son chateau ancestral de Rigstetten. Huldbrand, cependant, se lasse des attaches surnaturelles de sa femme, et particulièrement des apparitions de son oncle Kühleborn, malfaisant esprit des cascades forestières ; lassitude aggravée par son attachement grandissant à Bertalda, qui n'est aurte que la fille du pécheur contre laquelle Ondine a été échangée. Enfin, au cours d'un voyage sur le Danube, en réponse à un geste innocent de sa fidèle épouse, il prononce des paroles de colère qui la renvoient à son milieu surnaturel ; elle ne pourra, selon les lois de son espèce, en revenir qu'une fois - pour le tuer, qu'elle le veuille ou non, si jamais il se révèle infidèle à son souvenir. Plus tard, alors qu'Huldbrand va épouser Bertalda, Ondine revient pour accomplir son triste devoir, et lui ôte la vie en pleurant. Lorsqu'on l'enterre au cimetière du village aux côtés de ses ancètres, une silhouette féminine voilée, blanche comme neige, apparaît dans le cortège funèbre, mais une prière la fait disparaitre. On voit à sa place une petite source argentine, qui entoure en murmurant presque toute la tombe, et se jette dans un lac voison. Les villageois la montrent encore aujourd'hui, disant qu'Ondine et son Huldbrand sont ainsi unis dans la mort. Maints passages et évocations d'ambiance dans ce conte révèlent en Fouqué un artiste accompli dans le domaine du macabre ; notamment les descriptions du bois hanté, de son géant blanc comme neige et d'autres terreurs sans nom, que l'on rencontre dès le début du récit.
Filleul du roi Frédéric II, ami de Goethe, Schiller, Fichte, Wilhelm Schlegel, Kleist, Chamisso, Arnim, Brentano et Eichendorff, Friedrich de La Motte-Fouqué (1777-1843) était issu d’une vieille famille française protestante, exilée en Allemagne après la révocation de l’Édit de Nantes. Officier dans l’armée prussienne, il fut aussi un auteur prolifique. Ondine, ce merveilleux conte romantique, publié pour la première fois en 1811, reste certainement son chef d’œuvre. Ses illustres contemporains, d’ailleurs, ne s’y sont pas trompés.
Fouqué, habité par les questions religieuses, auteur des Poèmes spirituels et des Poèmes chrétiens, écrivit aussi une biographie du grand mystique Jacob Böhme et pensa à plusieurs reprises se convertir au catholicisme. C’est peut-être en accordant à cette spiritualité la place qui lui revient que l’on peut appréhender ce qui constitue le fond d’une œuvre comme Ondine : l’histoire d’une créature fabuleuse en quête d’une âme, âme que cet esprit des eaux ne peut acquérir sans l’amour intermittent et la fidélité changeante d’un mortel. Si Fouqué a composé ce petit livre en s’inspirant des légendes chevaleresques du Moyen-Âge, son œuvre a inspiré à son tour d’autres artistes fort différents, parmi lesquels se détachent les figures d’E.T.A. Hoffmann, Aloysius Bertrand, Jean Giraudoux, Maurice Ravel, ou Arthur Rackham, dont les illustrations sinueuses et ondoyantes viennent enrichir cette nouvelle traduction.
Editions Rivages, Traduction Nicolas Waquet
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