mardi 17 mai 2011

Pedro Paráma - Juan Rulfo

Juan Preciado arrive au village de Comala à la recherche de son père inconnu, Pedro Pâramo. Pour accompagner ce Télémaque nu-pieds dans sa contre-odyssée, nous devons traverser avec lui une rivière de poussière. L'autre rive est celle de la mort, où règne un cadavre qui fut maître de toutes les vies : le cacique Pedro Pâramo, Ulysse de pierre et d'argile, immobile et impuni, entouré d'une cour de rumeurs et de spectres : la mère et amante Doloritas, Jocaste-Eurydice qui conduit le fils et amant, Œdipe­Orphée, sur les chemins de l'enfer ; Susana San Juan, Electre à l'envers ; les vieilles virgiliennes - Eduwiges, Damiana, la Cuarraca -, fantômes de fantômes, fantômes qui contemplent leurs propres fantômes ; les couples de frères edeniques et adamiques qui dorment ensemble dans la boue de la création pour recommencer le genre humain dans le désert de Comala... Juan Rulfo accroche à l'arbre sec et nu de la révolution mexicaine quelques fruits d'un sombre éclat : fruits doubles, fruits gémeaux auxquels il faut goûter si l'on veut vivre, tout en sachant qu'ils contiennent les sucs de la mort. Car cette histoire d'un cacique, de ses femmes, de ses tueurs et de ses victimes se situe dans le territoire privilégié du surréalisme : cet espace de l'esprit où, selon André Breton, la vie et la mort, le réel et l'imaginaire, le passé et le futur, cessent d'être perçus comme contradictoires. (Carlos Fuentes)
Juan Rulfo (1917-1986) est un auteur mexicain, référence en matière de littérature latino-américaine et littérature générale. Lors d’une enfance plutôt difficile (il sera orphelin à 10 ans), Rulfo fait ses premières lectures, qui le marqueront. Il étudie à Guadalajara, capitale de l’état de Jalisco au Mexique, puis à Mexico, notamment l’Histoire de l’art. Une fois ses études achevées, il part pour de multiples voyages à travers le Mexique et les pays environnants et, dans les années 1930-1940, fait paraître ses premières nouvelles dans les revues America et Pan. Il se lance également dans la photo, qu’il pratiquera tout le long de sa vie. Ses premiers clichés sont publiés aux Etats-Unis dès 1949. Pour ce qui est de son travail d’écrivain, il a la chance de recevoir une bourse du Centre Mexicain des Auteurs, ce qui lui permet d’écrire et publier un recueil de nouvelles en 1953 (El Llano en llamas) puis Pedro Páramo en 1955, son seul roman. Il se consacre ensuite, et jusqu’à la fin de sa vie, à l’édition d’une importante collection d’anthropologie pour l’Institut National Indigéniste de Mexico.
Editions Gallimard "l'Imaginaire", Traduction Roger Lescot

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