dimanche 15 mars 2009

Une philosophie à coups de rein - Marcel Moreau

Mon rythme et moi, nous avons une relation aussi anti-que qu'un instinct de mort, aussi inaugurale qu'un amour à son aurore. Mais d'écrire cela, ce n'est pas suffisant pour m'expliquer ce soulèvement qui fait de moi un possédé de la langue avant même que j'en sois l'usager, plus ou moins titubant. La réalité est nécessairement plus complexe que ce que je viens d'en dire: une danse de tous les possibles ? Allez savoir... Plus qu'un simple tempo vital, ce rythme est une conscience, un souffle,une poigne. Il produit lui-même du Mot, il y imprime, en profondeur, son exigence de style, de chant, d'à-propos. Sa trépidation cumule violence d'êtreet révolte contre les déshumanisations en cours, réductrices de l'homme à une chose. Je la ressens alors comme une œuvre sans cesse en mouvement, telle la fructification à perdre haleine d'une matrice textuelle. Ainsi m'apparut inéluctable, en écrivant ce livre, de l'intituler Une philosophie à coups de rein. Entre mon corps verbal et mon corps charnel, il s'était passé comme un portement, puis une propulsion de l'un par l'autre. Marcel Moreau
Né en 1933 en Belgique, Marcel Moreau a construit une œuvre majeure dont quatre grands titres, Quintes, L'Ivre livre, Le Sacre de la femme et Discours contre les entraves, ont récemment été réédités. Son cinquante­ troisième livre, Une philosophie à coups de rein, apprivoise l'énigme de sa propre morts et nomme les leurres de notre modernité.
Editions Denoël

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